Tradition venue de Naples, le café suspendu s’étend en Europe. C’est simple : les gens paient à l’avance pour un café destiné à quelqu’un qui ne peut pas se le permettre.
ette tradition est napolitaine, forcément. Car à Naples, le café c’est sacré. Or, tout le monde ne peut pas se le payer. Pour les plus démunis, un système de solidarité s’est mis en place en 1993. Le café en attente consiste à payer des cafés, un pour soi et un ou plusieurs à d’autres. Ces cafés suspendus déjà réglés pourront ensuite être demandés par un plus démuni. Cette technique s’exerce en accord avec le cafetier. À Naples c’est « normal ». Alors pourquoi pas chez nous ?
Un phénomène arrivé en Bulgarie
Il y a quelques jours, de nombreux articles annonçaient sur la toile l’expansion de cette tradition en Bulgarie considérée comme l’un des pays les plus pauvres de l’Union Européenne. La semaine dernière à Sofia, 150 cafés ont montré leur solidarité en pratiquant la technique du café suspendu. Un geste simple dans un pays où la pauvreté se fait grandissante. Depuis le début de cette année, sept Bulgares se sont immolés pour mettre fin à leurs jours, désespérés par leur pauvreté. C’est dans ce contexte socio-économique qu’en Bulgarie, des points de restauration rapide et des magasins d’alimentation ont élargi le phénomène du café suspendu en proposant aussi à leurs clients d’acheter un pain ou un sandwich pour un démuni.
Quand la France s’y met
Période de crise oblige, cet élan de solidarité gagne toujours plus de terrain. Il serait en passe de débarquer en France. La page Facebook des indignés français annonce et explique la pratique via un post :
– « Nous entrons dans un petit café avec un ami et lançons notre commande.
Alors que nous nous approchons de notre table deux personnes entrent à leur tour et vont vers le comptoir :
« Cinq cafés, s’il vous plaît. Deux pour nous et trois « en attente » »
Ils paient pour leur commande, prennent les deux cafés et partent. Je demande à mon ami :
« C’est quoi ces cafés « en attente » ??
« Attends et tu verras » me répond-il
D’autres personnes entrent.
Deux filles demandent chacune un café, payent et partent.
Ensuite trois avocats entrent, ils commandent 7 cafés – trois pour boire de suite et quatre « en attente ».
Alors que je me demande encore à quoi riment ces cafés « en attente », je me laisse aller à profiter beau temps dehors et de la belle vue sur la place en face du café.
Soudain, un homme vêtu d’habits râpés vient à la porte et demande :
« Avez-vous un café en attente ?
Mais concrètement comment ça marche ? Les additions payées en attente sont affichées sur un tableau au comptoir, en comptant bien sûr sur l’honnêteté du cafetier qui les affiche et qui ne garde pas les sous. Lorsque le démuni entre dans le café, il voit donc les additions affichées et sait s’il peut bénéficier d’une eau, d’un coca, d’un café ou d’un sandwich déjà payé.
En espérant que le café en attente n’existe pas que sur le net mais aussi sur le terrain, dans nos snacks et cafés préférés. Et en Belgique, on attend quoi ? Avis aux restaurateurs et cafetiers, suspendez des cafés !
Maïlys Aroca